Depuis toujours, la lavande pousse naturellement à l'état sauvage dans les collines des Baronnies provençales. L'ensoleillement, l'altitude moyenne, une relative pauvreté de la terre, tout contribue au fait qu'elle puis y prospérer.
Et les espaces dégagés !
Il faut savoir que jusque 1820 à 1850, les villages des Baronnies étaient de quatre à cinq fois plus peuplés que de nos jours. Loin des grands axes de communication, les villages vivaient dans une relative autarcie : artisans, petits agriculteurs et éleveurs.
Ainsi, beaucoup de terres aujourd'hui à l'abandon, même peu accessibles dans les hauteurs des collines, étaient soit cultivées, soit fréquentées par des troupeaux de chèvres, moutons et vaches, et leurs bergers.
Ceci contribuait à conserver des espaces ouverts, par l'action des troupeaux broutant les jeunes pousses et des bergers veillant à conserver des prairies dégagés. Les anciens racontent avec nostalgie qu'en été les collines devenaient toutes bleues ! Car la lavande, épargnée par les brouteurs, prospérait en reine des pâturages ...
Pour les bergers, mais aussi les autres habitants des villages, la cueillette des lavandes sauvages constituait un complément de revenus non négligeable. Car la demande notamment en huile essentielle ne cesse d’augmenter, tirée vers le haut par les parfumeurs, comme à Grasse, puis par l’industrie des produits ménagers (savons, lessives …).
Et mêmes lorsque les troupeaux se sont faits plus rares, l’exode rural (arrivée du train à Sisteron ) vidant peu à peu les villages de leurs forces vives, les cueilleurs veillaient encore à maintenir des espaces ouverts pour la lavande, débarrassant les pâturages des genets et jeunes pins envahissants.
À partir des années 1930 - 1950, la cueillette sauvage est peu à peu remplacée par des cultures en champs. D’autant que s’impose à cette époque le lavandin, qui offre un meilleur rendement en huile, d’une qualité suffisante pour l’industrie. La récolte en champs se fait encore manuellement jusqu’à ce que la mécanisation s’impose.
Aujourd’hui, seule la récolte des bouquets se fait encore à la main, aucune solution mécanisée satisfaisante n’ayant été trouvée.